Faut-il désherber avant de retourner la terre ?

Le jardinage, qu’il soit amateur ou professionnel, implique un certain nombre de pratiques dont l’une des plus fréquentes est le retournement de la terre. Cette technique vise à améliorer la structure du sol, à l’aérer et à favoriser la croissance des plantes. Mais avant de passer la bêche ou le motoculteur, une question revient souvent : faut-il désherber avant de retourner la terre ? Les jardiniers sont parfois partagés entre ceux qui considèrent cette étape indispensable et ceux qui la jugent superflue. Cet article explore les avantages et inconvénients du désherbage préalable, tout en prenant en compte les spécificités des différents types de sols et cultures.

Qu’est-ce que le désherbage et pourquoi est-il pratiqué ?

Le désherbage consiste à éliminer les mauvaises herbes, ces plantes indésirables qui peuvent envahir le jardin. Le désherbage peut être réalisé de diverses façons : manuellement, en arrachant les mauvaises herbes une à une, mécaniquement avec des outils spécifiques, ou encore par des méthodes plus agressives comme les herbicides chimiques ou thermiques. Mais pourquoi désherber ? Les mauvaises herbes, bien qu’elles fassent partie de l’écosystème naturel, peuvent entrer en compétition avec les plantes cultivées. Elles monopolisent les ressources essentielles telles que l’eau, la lumière et les nutriments du sol, ce qui peut freiner la croissance des plantes désirées. De plus, certaines espèces de mauvaises herbes possèdent des systèmes racinaires très vigoureux, capables de se propager rapidement et de rendre le travail de la terre plus compliqué.

Ainsi, désherber avant de retourner la terre peut sembler une étape logique pour nettoyer la surface du sol et éliminer ces concurrents avant de préparer le terrain pour de nouvelles cultures. Pourtant, cette pratique peut aussi présenter des inconvénients, notamment en perturbant l’écosystème du sol, ce qui nous amène à explorer cette question plus en profondeur.

Les avantages de désherber avant de retourner la terre

Désherber avant de retourner la terre présente de nombreux avantages, principalement en termes de rendement et d’entretien. Le premier avantage est la réduction de la compétition entre les plantes. En retirant les mauvaises herbes avant de retourner la terre, vous éliminez un grand nombre de compétiteurs potentiels pour les plantes que vous souhaitez cultiver. Cela permet aux plantes de mieux se développer en ayant un accès direct et non perturbé aux nutriments et à l’eau. Cela est particulièrement important dans les potagers où les mauvaises herbes peuvent rapidement étouffer les jeunes pousses fragiles.

Un autre avantage est la prévention des repousses. Certaines mauvaises herbes, lorsqu’elles sont coupées ou simplement enfouies dans le sol, ont la capacité de se régénérer, parfois même plus vigoureusement qu’auparavant. En les retirant avant le retournement, vous réduisez ce risque de repousse, surtout pour les espèces vivaces dont les racines peuvent rester actives dans le sol.

Enfin, désherber avant de retourner la terre contribue à améliorer la qualité générale du sol. Les racines mortes de certaines mauvaises herbes peuvent empêcher l’aération naturelle du sol, et leurs tiges, si elles ne sont pas retirées, peuvent devenir un obstacle pour le développement des racines des plantes cultivées. De plus, en nettoyant le sol avant le retournement, vous facilitez également les futures opérations de désherbage et d’entretien.

Les inconvénients potentiels du désherbage préalable

Malgré ses avantages, désherber avant de retourner la terre n’est pas toujours une opération bénéfique, notamment en termes d’impact écologique. L’un des premiers inconvénients est la perturbation de l’écosystème du sol. En effet, les mauvaises herbes font partie d’un cycle naturel qui profite à plusieurs espèces d’insectes, vers de terre, et autres organismes bénéfiques au sol. En les retirant brutalement, on peut déséquilibrer cet écosystème fragile et affecter la fertilité naturelle du sol. Le sol devient alors plus dépendant des fertilisants extérieurs, ce qui peut être contre-productif sur le long terme.

De plus, désherber avant de retourner la terre peut entraîner une perte de matière organique. Les mauvaises herbes, lorsqu’elles se décomposent, enrichissent le sol en matière organique, indispensable à la bonne santé des cultures. En les éliminant, vous privez le sol de cette ressource précieuse, et cela peut engendrer des besoins supplémentaires en amendements.

Un autre risque, souvent méconnu, est l’érosion du sol. Les mauvaises herbes, en recouvrant le sol, protègent ce dernier des agressions extérieures, comme le vent ou la pluie, qui peuvent entraîner l’érosion de la couche arable. En retirant cette couverture végétale, vous exposez le sol à ces risques, surtout si vous ne procédez pas au retournement immédiatement après le désherbage. Le sol nu devient alors plus vulnérable et peut rapidement se dégrader.

Est-il possible de retourner la terre sans désherber ?

Retourner la terre sans désherber est une pratique que certains jardiniers privilégient, surtout lorsqu’ils cherchent à préserver la biodiversité du sol. Cette méthode consiste à retourner le sol directement, en enfouissant les mauvaises herbes sous terre. Cela présente plusieurs avantages, notamment en termes de gain de temps et d’effort, mais aussi pour la santé générale du sol. En effet, les mauvaises herbes enterrées se décomposent progressivement, apportant de la matière organique à la terre, ce qui améliore sa fertilité à long terme.

Dans certains cas, cette approche peut même suffire à éliminer naturellement certaines espèces de mauvaises herbes, surtout les annuelles qui ne survivent pas à l’enfouissement. Toutefois, cette méthode ne convient pas toujours, en particulier pour les mauvaises herbes vivaces ou celles ayant des systèmes racinaires très développés, comme le chiendent ou le pissenlit, qui peuvent repousser malgré le retournement du sol. Dans ces cas, un désherbage préalable peut s’avérer nécessaire.

Les différentes approches selon les types de sol et les cultures

Le besoin de désherber avant de retourner la terre dépend aussi du type de sol et des cultures que vous souhaitez implanter. Sur un sol argileux, qui est souvent compact et difficile à travailler, le désherbage peut aider à alléger le sol avant de le retourner, tandis que sur un sol plus sablonneux, cette étape est souvent moins indispensable. De même, pour les cultures maraîchères, où l’on cherche un sol bien aéré et exempt de concurrence, le désherbage est généralement recommandé. En revanche, dans un jardin ornemental où les plantes vivaces occupent une grande partie du terrain, le désherbage peut être moins nécessaire.

La rotation des cultures et la gestion de la jachère jouent également un rôle. Sur une parcelle laissée en jachère, laisser les mauvaises herbes en place peut aider à protéger le sol et à le nourrir. Cependant, dans le cadre d’une rotation intensive des cultures, désherber devient crucial pour préparer efficacement le sol pour la prochaine saison.

Alternatives écologiques au désherbage avant retournement

Pour ceux qui souhaitent limiter leur impact écologique, plusieurs alternatives au désherbage existent. Le paillis, par exemple, est une méthode efficace pour supprimer les mauvaises herbes tout en enrichissant le sol. Il s’agit d’une couverture organique, comme des feuilles mortes, des copeaux de bois ou de la paille, qui empêche les mauvaises herbes de pousser tout en maintenant l’humidité du sol.

La couverture végétale est une autre solution intéressante. En semant des plantes couvre-sol, vous empêchez les mauvaises herbes de s’implanter tout en nourrissant le sol grâce à la décomposition de la biomasse produite. Ces méthodes sont particulièrement utiles pour les jardiniers qui cherchent à éviter l’usage de produits chimiques.

 

Chantale

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